Les fonctions cognitives qui font notre quotidien.

Les informations ci-dessous ne se veulent pas exhaustives. Elles sont juste là, mises à votre disposition, pour vous faire une idée sur l’objet de la neuropsychologie, sur le travail du neuropsychologue et sur les fonctions qui seront d’une façon ou d’une autre évaluées.
– Les mémoires.
– Les fonctions instrumentales.
– Les fonctions attentionnelles.
– Les fonctions exécutives.

1. Les mémoires.

Quelles sont les différentes  mémoires ?
Le développement de la MÉMOIRE est conçu comme intégrant des systèmes de mémoires multiples.

La mémoire de travail.
Elle a pour fonction de maintenir temporairement de l’information pendant la réalisation de tâches cognitives diverses.
Sachez encore que la mémoire de travail ne dépasse pas une poignée de secondes après quoi on tombe dans le registre de la mémoire à long terme.
Le stock de la mémoire à CT est limité à par exemple plus ou moins 7 chiffres, c’est l’empan. Plus l’information sera complexe et plus l’empan sera limité.

La mémoire à long terme.
Fondement conscient
– Mémoire épisodique
Elle permet à un sujet de se souvenir et de prendre conscience des événements qu’il a personnellement vécus dans un contexte spatial et temporel particulier. La mémoire épisodique stocke les événements de notre vie personnelle.
La mémoire épisodique comporte plusieurs « étapes » qui sont l’encodage, le stockage, la récupération et la consolidation.

Fondement inconscient de la mémoire.
– Mémoire sémantique
Elle rend possible l’acquisition (apprentissage) et la rétention (rappel) de connaissances générales sur le monde.

Elle permet d’effectuer des opérations cognitives sur des aspects du monde qui ne peuvent être appréhendés par la perception immédiate.

A l’instar de la mémoire à court terme, la mémoire sémantique est illimitée.

Les connaissances sémantiques sont un savoir qu’on ne peut précisément dire quand nous l’avons acquis. Par exemple, depuis quand savez vous que l’on peut faire de la compote avec des pommes, que l’on peut aussi en faire du jus, qu’elles se récoltent vers septembre-octobre ? Quand avez-vous su pour toujours que 7 x 4 = 28, que Paris est la capitale de la France, … .

– Le système de représentation perceptive
Il est concerné par l’acquisition et le maintien de la connaissance relative à la forme et à la structure des mots, des objets,…. mais pas des propriétés sémantiques.
C’est grâce à ce système que l’on peut par exemple reconnaitre des mots, des objets…même s’ils sont déformés, incomplets,… . Mais être capable de les reconnaitre ne veut pas pour autant dire que l’on a accès à toutes les connaissances (cf. : les connaissances sémantiques) de ce que l’on a reconnu.

– Mémoire procédurale
C’est en quelque sorte notre savoir faire manuel.
Si vous savez frapper sur un clavier d’ordinateur pouvez-vous sans réfléchir, sans regarder un clavier dire où se trouve le « Q » où se trouve le « M » ? Très certainement « non ». Pour le savoir vous allez positionner vos mains comme si vous alliez frapper un mot et c’est de cette façon que vous allez pouvoir répondre. Pour répondre, il faut donc se mettre en condition de réalisation, d’action.

Combien de ceux qui apprennent à conduire peuvent réaliser un démarrage en côte, passer une vitesse sans faire tousser la voiture ? Très peu…parce qu’est c’est quelque chose qui s’apprend en faisant et il en va comme ça pour toutes sortes d’activités. C’est ainsi qu’ensuite, on passe de façon inconsciente et sans réfléchir les vitesses.

2. Les fonctions instrumentales.

Elles représentent un ensemble de fonctions que sont :
– le langage : appréciation du langage spontané (logorrhée, réduit, normal, présence ou non d’une prosodie) et à l’aide de tests de « Dénomination », de « Fluences », de « Vocabulaire », de « Compréhension », d’écriture (dictée), de lecture,…
– les gnosies : il s’agit de notre capacité à reconnaitre, à identifier et cette fonction se base essentiellement sur la vue et sur les aires cérébrales associées. On peut les apprécier par des tests de barrage, d’identification de figures identiques ou enchevêtrées, …. .
– les praxies : sont notre capacité à réaliser des gestes spontanément, sur ordre, sur imitation avec ou sans objet, pour des gestes courants, significatifs ou non,…. Ainsi l’apraxie idéomotrice est l’altération des gestes simples ne nécessitant pas la manipulation d’objets réels ; l’apraxie idéatoire est l’altération de la capacité à réaliser des actions avec des objets ; l’apraxie constructive est l’altération des capacités constructives avec une composante visuo-spatiale (réalisation de dessins sur ordre ou sur copie, manipulation de cubes pour réaliser un modèle que l’on a sous les yeux,…).

3. Les fonctions attentionnelles.

Nous n’avons pas une et une seule attention, mais des capacités attentionnelles.
L’attention, la concentration n’est pas un fil tendu, identique et efficace de la même façon tout au long d’une journée. Mais au contraire, nos capacités attentionnelles fluctuent.
Les fonctions attentionnelles sont intimement liées aussi à des fonctions ayant avoir avec la mémoire de travail et les fonctions exécutives.

Les fonctions attentionnelles sont au centre de nos comportements. Sans elles nous ne sommes rien. Si nous ne sommes pas bien éveillés, rien ne nous sera vraiment possible. De bonnes fonctions attentionnelles sont un préalable indispensable pour assister à des cours, pour être apte au travail, pour conduire,… .
Les fonctions attentionnelles sont faites de processus spécifiques qui concourent au traitement des informations et ces processus sont possibles grâce à des réseaux de neurones. Comme ce réseau est très distribué dans le cerveau cela le rend vulnérable.

Aussi, les processus attentionnels s’avèrent cruciaux lors de tâches purement cognitives, telles que résoudre des problèmes mathématiques, élaborer un plan, composer un texte, ou encore chercher une solution à tel ou tel problème.

La focalisation et l’attention.

La centration de l’attention, l’objet de l’attention peut être dirigé par des sollicitations externes ou internes.
Dans le cas du contrôle externe, l’attention est capturée par des stimuli extérieurs, inattendus ou nouveaux ou encore de façon involontaire. Naturellement, en fonction de la motivation ou de facteurs émotionnels l’attention portée sera plus ou moins forte.
Dans la vie de tous les jours, l’orientation externe du foyer attentionnel a lieu le plus souvent  suite à des stimulations visuelles ou sonores (le bruit d’une cocotte minute dans la cuisine ou de la fumée va nous alerter, le klaxon dans la circulation va nous prévenir et élever notre seuil attentionnel,…).
Dans le cas d’un contrôle interne et donc aussi  intentionnel, la mobilisation est requise pour atteindre ou poursuivre un objectif. Pour atteindre ce but, il va falloir apprécier la situation, entrevoir un plan et s’assurer du bon déroulement en effectuant un suivi, un contrôle des actions.
Le contrôle interne est aussi nécessaire lorsqu’on écoute, parle, lit, lorsqu’on cherche à résoudre un problème ou lorsqu’on apprend. Pour toutes ces actions, on contrôle en permanence notre avancement et nos connaissances dans l’action. C’est un processus actif et intentionnel. Sans ça, peu de choses sont possibles.

« Il existe des différences marquées en ce qui concerne le niveau d’exigence mentale propre au contrôle externe ou interne du foyer attentionnel. En effet, alors que le contrôle externe du foyer attentionnel est rapide, réflexe, passif et se produit sans effort, l’orientation interne du foyer attentionnel est quant à elle lente, dépendante du contrôle volontaire et intimement associée à l’effort. Ces différences fondamentales entre l’attention contrôlée de manière externe et interne sont particulièrement importantes au regard des performances en situations de vie et partant, dans le diagnostic des performances attentionnelles. Les instruments dont la validité pronostique est élevée pour évaluer, par exemple, la capacité à travailler, sont ceux qui sont à même d’apprécier la capacité de contrôle du foyer attentionnel au cours de tâches mentalement exigeantes.
Le contrôle interne du foyer attentionnel n’est pas une fonction simple ni unique. Ce contrôle consiste en un ensemble de ressources permettant le traitement prioritaire d’informations perceptives spécifiques, tant à un stade précoce que tardif du traitement. D’un point de vue neurobiologique, ce contrôle interne est sous-tendu par différents réseaux neuronaux parmi lesquels les structures frontales et pariétales jouent un rôle crucial (http://www.psytest-fimm.com/TAP1.7_fr.html).

La flexibilité et l’attention.

S’il faut se focaliser sur l’action en cours, être attentif aux changements incessants qui se produisent en cours de tâche, il faut tout autant pouvoir s’adapter en conséquence et utiliser d’autres ressources. Il faut donc être capable de déplacer son attention pour accéder à ces autres ressources. Ce déplacement du foyer attentionnel est le préalable à la flexibilité. Notre vie est faite d’actions où nous devons sans cesse nous focaliser puis réorienter / déplacer nos ressources attentionnelles (un nombre incalculable de fois) pour atteindre un but. Pensons par exemple à la situation de conduite. Combien de fois ne devons nous pas réorienter notre attention compte tenu de ce qui se passe devant nous, mais aussi compte tenu d’autres informations visuelles, auditives, somesthésiques,… . Il en est de même lorsque nous parlons, lorsque nous résolvons des problèmes,… .
La flexibilité est une fonction qui se conjugue au pluriel du fait qu’elle requiert des fonctions attentionnelles diverses et des fonctions cognitives. Son atteinte est à l’origine de déficits et de handicaps cognitifs (incapacité à envisage plusieurs solutions à un problème, persévérations, absence ou manque d’adaptation, difficultés de compréhension,…) et comportementaux (sociaux, visuels,…).
La flexibilité est donc un processus qui est le résultat de fonctions spécifiques stratégiquement organisées, lesquelles interviennent à chaque stade du traitement c’est-à-dire du contrôle de la centration attentionnelle (bas niveau) jusqu’au comportement construit (organisé, stratégique = haut niveau).

Le partage attentionnel et l’attention.
Attention Divisée

C’est la capacité que nous avons de partager nos ressources pour par exemple écouter tout en traitant une situation visuelle. Ne faisons nous pas cela lorsque nous conduisons ? Parler avec nos enfants tout en nous adaptant aux contraintes du trafic ?
Pour cette fonction s’agit-il d’une capacité à partager ses ressources, s’agit-il d’un transfert des ressources ou encore l’attention divisée est-elle le résultat d’un traitement efficace de la mémoire de travail dans le contrôle du focus attentionnel et dans sa capacité à traiter des stimuli simultanément ?

4. Les fonctions exécutives.

Les fonctions exécutives sont des fonctions de haut niveau qui nous permettent de nous adapter aux exigences de notre environnement. Notre vie est faite d’une foule d’actions que nous menons soit automatiquement sans y réfléchir (ce sont les situations routinières), soit qui demandent une adaptation de notre part (ce sont les situations non routinières, inhabituelles).
Ainsi nous marchons, nous écrivons, nous conduisons, nous parlons …. de façon assez automatique, sans utiliser beaucoup d’attention pour cela. Par contre, si nous n’en n’avons pas l’habitude, marcher sur un sol glissant, écrire sur une table instable, conduire en heure de pointe dans une grande ville, s’exprimer face à un interlocuteur tout en travaillant …. va nous demander de nous adapter, de faire des choix, de mettre des priorités, d’envisager un plan pour résoudre les difficultés rencontrées, ce qui va nécessiter des ressources. C’est un « Système Attentionnel de Supervision » (SAS) qui va nous aider en choisissant ce qu’il convient de faire.
Ce SAS va jouer plusieurs rôles :

L’ « inhibition », c’est empêcher, réfréner …une action automatique d’être produite (quitter une routine : aller directement au bon endroit lorsqu’on a changé des objets de place) ou c’est interrompre une action en cours ou c’est encore ne pas considérer des informations non pertinentes (ne pas être interféré par des bruits alors qu’on travaille).

La « flexibilité », c’est la capacité que nous avons de passer d’une activité à une autre et cela nous est fort utile lorsque nous travaillons par exemple. C’est la capacité de passer d’une page internet à une autre, de classer des documents d’un type sur une pile et d’autres sur une autre pile, de réaliser une vaisselle tout en gérant la cuisson de plats, … .

La « mise à jour », c’est la capacité que nous avons d’actualiser l’information dans une sorte de mémoire tampon (mémoire de travail), c’est ce qui nous permet de nous adapter au trafic et de savoir qui nous suit ou nous devance, de tenir compte des nouvelles conditions, de maintenir le contenu de conversations, de lectures, d’une commande de bistrot avec des modifications, … .

Le « partage des ressources attentionnelles » ou « attention divisée » c’est la capacité que nous avons de réaliser plusieurs actions simultanément comme cuisiner et regarder la télévision, conduire et téléphoner, parler et écouter une autre conversation, … .

La « récupération » ou la recherche d’information en mémoire est la capacité à récupérer activement des informations en développant des stratégies qui visent à se remettre par exemple dans le contexte d’apprentissage pour se rappeler de l’information manquante, de se rappeler le plat prévu pour savoir ce qu’il faut acheter,… .

La « planification » c’est ce qu’il nous faut mettre en place lorsque nous devons réaliser plusieurs actions dans une même tâche ou au cours d’une journée. Pensons à l’organisation d’un repas ou à l’ensemble des tâches que comporte une journée. Pour s’en sortir efficacement, il nous faut organiser les actions. On s’occupera par exemple de préparer d’abord l’entrée, puis le plat et enfin le dessert. Avant tout, on veillera à avoir tous les ingrédients, à les organiser sur la table pour les avoir à disposition, à commencer par les aliments qui doivent cuire longtemps nous permettant ainsi de faire d’autres préparations pendant qu’ils cuisent,… .